L’optimisme rationnel: un atout indispensable pour l’investisseur et le retraité
Quand vient le temps de planifier leur retraite, bien des gens oscillent entre deux extrêmes : une prudence excessive qui paralyse… ou un optimisme aveugle qui les rend vulnérables. Résultat? Ils se privent, paniquent en période de turbulence, ou pire : épuisent trop vite leur épargne.
Dans cet article, on va déconstruire ces deux attitudes — et t’aider à adopter une posture beaucoup plus puissante : l’optimisme rationnel. L’approche qui te permet d’investir avec confiance, sans t’inquiéter au moindre soubresaut des marchés.
Aujourd’hui, j’aimerais te parler de trois profils d’investisseur :
🔹 L’optimiste
🔹 Le pessimiste
🔹 Et celui qu’on devrait tous aspirer à devenir… l’optimiste rationnel.
C’est pendant mes vacances, à la lecture de deux livres incontournables — Same as Ever et The Psychology of Money de Morgan Housel — que l’idée de cet article m’est venue. Si tu ne les as pas lus, je te les recommande chaudement.
Le parallèle qu’on peut y faire avec les investisseurs et les retraités qui ont du succès est frappant.
L’optimisme et le pessimisme
L’optimisme et le pessimisme sont des notions compliquées.
Le pessimisme est essentiel à notre survie, car il permet de se préparer aux risques avant qu’ils ne se concrétisent.
L’optimisme, quant à lui, est ce qui nous permet d’avancer, même quand tout semble aller de travers. Comme le dit si bien Morgan Housel:
“Être capable de se dire que, même si rien ne semble l’indiquer, la situation peut et va s’arranger est un facteur crucial de réussite, surtout quand il est question d’investissement.”
Pour avoir du succès en investissement, il faut se montrer optimiste et pessimiste à la fois.
L'optimisme rationnel
Bill Gates est un icône de succès selon nos standards modernes. Son entreprise, Microsoft est aujourd’hui l’une des plus grandes entreprises du monde.
À travers son succès, Bill Gates a toujours été un grand optimiste. Il était visionnaire. Il avait abandonné ses études à 19 ans parce qu’il voulait mettre un ordinateur sur chaque bureau, dans chaque foyer.
Il faut avoir une foi inébranlable dans ses capacités pour prendre une telle décision.
Mais, Bill Gates était aussi un pessimiste. Du jour où il créa Microsoft, il prit l'habitude de toujours garder à la banque une quantité de liquidités suffisante pour permettre à l’entreprise de tenir au moins 12 mois sans rentrées d’argent.
Pour certains, ça peut sembler comme une majeure source d'inefficacité, mais pour Gates, cette dose de pessimiste est ce qui lui permettait d’avancer avec confiance. On ne peut jamais être sûr des perspectives pour l’année suivante, même pour Microsoft.
Bill Gates est ce que j’aime appeler un optimiste rationnel. Il a compris que le seul moyen d’être optimiste sur le long terme est d’être suffisament pessimiste pour survivre au court terme.
Un optimiste rationnel sait que l’histoire est jalonnée d’obstacles, de revers et d’imprévus. Il garde pourtant confiance, car il sait que le progrès finit toujours par l’emporter.
L’optimiste rationnel reconnaît une loi de la physique importante, la loi de Murphy: tout ce qui est susceptible d’aller mal, ira mal un jour. Malgré tout, il demeure optimiste sur le long terme.
L’optimisme rationnel et l’investissement
En investissement, comme le dit si bien Morgan Housel, le secret est de réussir à survivre aux problèmes de court terme afin de se maintenir dans la course et de pouvoir récolter les fruits de la croissance à long terme.
Dans son livre La Psychologie de l’argent, Morgan Housel a écrit:
“Mon objectif numéro un doit être de devenir financièrement indestructible, et non d’obtenir des rendements maximaux. En fait, c’est de cette manière que je m’assurerai les plus hauts rendements, puisque cela me permettra de me maintenir suffisamment longtemps dans la course pour que la magie de l’effet multiplicateur opère.”
L’histoire des marchés nous montre que le long terme est généralement notre allié… mais que le court terme, lui, peut être franchement désagréable.
L’investisseur optimiste: confiant, mais parfois aveugle
Dans ma pratique de planificateur financier, je travaille beaucoup avec des personnes retraités ou proches de l’être.
D’un côté, je rencontre des optimistes purs et durs. Ils ont une confiance inébranlable dans les marchés. Après tout, c’est ce qui leur a permis d’accumuler une petite fortune à travers les années.
Les optimistes ont souvent un portefeuille majoritairement constitué d’actions si ce n’est pas la totalité. Ils recherchent l’efficacité et le rendement maximum.
Pendant les 30 dernières années, ils ont pu se permettre d’être de grands optimistes car ils avaient une carrière stable et ils n’avaient pas besoin de toucher leur argent à court terme.
À l’aube de la retraite, l’optimiste, par sa foi inébranlable envers les marchés, se dit qu’il va continuer de faire ce qu’il a toujours fait: demeurer investi dans un portefeuille très dynamique duquel il tirera un revenu à chaque année.
Le problème pour l’optimiste, c’est qu’il ne réalise pas que la phase de décaissement pendant la retraite est une game complètement différente de la phase d’accumulation pendant sa vie active.
Il est aveuglé par son optimisme.
Pendant sa vie active, l’optimiste était un investisseur rationnel. Quand le marché chutait, ça ne le dérangeait pas trop parce qu’il savait qu’il n’avait pas besoin de toucher à son argent et il savait que le marché allait reprendre un jour ou l’autre.
À la retraite, les choses changent. Il faut commencer à retirer de l’argent pour financer son style de vie et ses besoins. Et ça, c’est quelque chose auquel l’optimiste n’est pas habitué.
Quand le marché plante de 20% et que tu dois décaisser de ton portefeuille pour te verser un salaire, c’est un sentiment fort désagréable.
Résultat?
Les optimistes, de part leurs habitudes d’écureuil, vont avoir tendance à sous-dépenser. Ils vont se priver de faire des choses quand les marchés vont mal et ils vont avoir tendance à dépenser de façon trop conservatrice. Ils vont laisser des expériences sur la table.
Ils arrivent à 85 ans et ils ont une grosse pile de cash et une retraite non vécue.
Et dans le pire des cas, une mauvaise séquence de rendement au début de la retraite peut vider leur bas de laine plus vite que prévu… jusqu’à les rendre financièrement dépendants de l’État ou de leurs proches.
Ils sont passés d’optimiste à pessimiste.
L’investisseur pessimiste: protégé, mais à quel prix?
À l’extrême opposé, je rencontre des pessimistes purs et durs. Ils ont peur d’investir sur les marchés.
Les pessimistes ont souvent été échaudés par le passé : de mauvaises expériences en investissement, des conseils douteux, une situation financière plus fragile ou un manque de connaissances. Mais surtout, ils ont peur de perdre ce qu’ils ont mis des années à bâtir.
Pour eux, le risque que représentent les marchés dépasse largement les gains espérés.
Malgré leur prudence, ils ont quand même détenu un portefeuille équilibré ou prudent durant leur phase d’accumulation, souvent par nécessité, plus que par conviction.
À l’aube de la retraite, ce pessimisme va souvent se traduire par un excès de prudence.
Le pessimiste va souvent opter pour un portefeuille excessivement prudent en investissant dans des instruments comme des CPG, des comptes épargnes à intérêts élevés, des placements garantis liés au marché et, plus largement, tout véhicule perçu comme « sans risque ».
Le problème, c’est que sa peur irrationnelle des marchés risque de le forcer à accepter un niveau de vie plus modeste — au point, parfois, de compromettre l’atteinte de ses objectifs financiers.
Sa prudence excessive fait en sorte que ses rendements peinent à suivre l’augmentation du coût de la vie.
À force de trop vouloir protéger son argent, le pessimiste finit par le voir s’éroder lentement. Et un jour, il se retrouve à court… obligé de tendre la main à l’État ou à ses enfants.
Trop chaud, tu te brûles. Trop froid, tu gèles. Comme toujours, les extrêmes font rarement bon ménage.
Les investisseurs et les retraités qui ont le plus de succès sont ceux qui savent doser leur optimisme et leur pessimisme. Ce sont des optimistes rationnels.
Trouver l’équilibre : devenir un optimiste rationnel
Un investisseur optimiste rationnel, c’est un investisseur qui sait faire la distinction entre le court terme et le long terme.
Il va se blinder sur le court terme, quitte à assumer un peu d’inefficacité pour se donner la confiance et la capacité d’être optimiste sur le long terme.
Le jeune professionnel rationnel
Pour un jeune encore actif sur le marché du travail, bâtir un mur de sécurité, c’est avant tout mettre en place trois protections clés :
🔹 Une assurance invalidité suffisante pour remplacer ses revenus en cas de pépin
🔹 Une assurance vie adaptée pour protéger sa famille
🔹 Un bon fonds d’urgence pour faire face aux imprévus
Une fois ces bases solides en place, il peut investir avec confiance, dans une perspective de croissance à long terme — sans craindre qu’un coup dur remette tout en question.
Le retraité rationnel
Pour un retraité — ou quelqu’un qui approche la retraite — le mur de sécurité prend une forme différente : il repose sur une distinction claire entre les besoins à court terme et ceux à long terme.
Le retraité rationnel sait qu’il devra retirer des fonds de ses placements dans les prochaines années. Et il sait aussi que retirer de l’argent en pleine tempête boursière peut être désastreux.
Pour éviter ce stress (et les erreurs qui peuvent en découler), il choisit de sécuriser ses besoins pour les 3 à 5 prochaines années.
Cela signifie : mettre de côté l’argent nécessaire dans des placements stables, peu ou pas exposés aux fluctuations du marché.
Résultat : même si les marchés chutent de 20 %, il peut continuer à se verser un revenu, sans vendre ses actions à perte.
Le reste de son portefeuille peut ainsi être investi dans une optique de croissance, lui permettant de préserver son pouvoir d’achat au fil des années — et même, potentiellement, de continuer à faire croître son patrimoine.
Le revers de la recherche de perfection
Personne n’aime laisser passer des opportunités “d’optimiser” sa situation.
Quand on entreprend quelque chose ou qu’on engage quelqu’un pour faire quelque chose, on essaie ou on s’attend généralement à maximiser l’efficacité. On cherche la perfection.
En investissement, les perfectionnistes essaient de tirer le maximum de chaque dollar investi.
On croit souvent que se laisser le droit à l’erreur est un coût, un fardeau, une faiblesse, alors que les bénéfices à long terme sont considérables.
Toutefois, considérons ce qui suit…
Quand les marchés sont à la hausse, les liquidités sont un véritable boulet, mais lorsqu’ils s’orientent à la baisse elles deviennent aussi précieuses que l’air qu’on respire.
Payer une assurance invalidité sans jamais en faire usage peut donner l’impression de jeter de l’argent par les fenêtres. Mais le jour où une invalidité frappe, cette assurance devient une véritable bouée de sauvetage. Et c’est la même chose pour l’assurance habitation, automobile ou vie.
Quand tu mets 10 000 ou 20 000 $ dans un fonds d’urgence et que les marchés montent de 10 %, tu peux avoir l’impression de rater une belle occasion de rendement. Mais si une grosse dépense imprévue survient — remplacement de voiture, travaux urgents, aide à un enfant — et que les marchés plongent de 20 %, ce fonds devient inestimable. Il t’évite de t’endetter inutilement ou de vendre tes placements à perte.
Regarde la réalité en face, et tu verras que cette petite pointe d'inefficacité est ton meilleur allié.
Et rappel toi, dans le doute, la simplicité est souvent la meilleure option.
Pourquoi être optimiste?
Pourquoi rester optimiste quand les marchés sont imprévisibles et que les nouvelles sont parfois décourageantes?
Ma réponse est simple : parce que l’histoire, la vraie, celle qui s’écrit à long terme, est une histoire de progrès.
Bien sûr, je recommande toujours une vision à long terme, car l’économie a de bonnes chances de croître en valeur et en productivité. C’est un pari qui s’est avéré payant à maintes reprises.
Personnellement, mon optimisme repose sur un modèle mental très simple :
Je sais que les humains vont continuer à inventer, créer et devenir plus productifs avec le temps.
Je sais que les marchés vont petit à petit redistribuer les fruits de cette productivité aux investisseurs patients.
Et je sais que, chemin faisant, l’excès de confiance, les erreurs humaines et les cycles émotionnels vont provoquer des remous, des excès et des corrections.
Et c’est parfait ainsi. Parce que ce sont ces mêmes turbulences qui créent les occasions — et qui rendent la patience aussi payante.
Oui, il y aura des périodes difficiles. C’est inévitable. C’est la loi de Murphy.
Mais malgré tout, j’ai confiance en la capacité de l’être humain à continuer d’innover.
C’est ce qu’on fait depuis des siècles — malgré les crises, les guerres, les récessions, et tous les coups durs.
Rester fidèle à ce modèle mental me permet non seulement d’être un investisseur optimiste et rationnel, mais aussi de réserver mon énergie mentale pour les choses que je peux vraiment contrôler : ma famille, mon travail, mes clients, ma santé, mon plan financier.
Et toi, quel investisseur es-tu?
Entre l’optimiste qui fonce les yeux fermés et le pessimiste qui fige par peur, il y a une voie beaucoup plus stable et durable : celle de l’optimisme rationnel.
C’est cette posture qui te permet de vivre pleinement ta vie active et ta retraite, sans paniquer à la moindre tempête… ni passer à côté des opportunités de croissance.
Et toi, es-tu un pessimiste, un optimiste ou un optimiste rationnel?
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