3 secrets de la Sécurité de la vieillesse pour les retraités à revenu élevé - le bon timing change tout
Quand on parle de la Sécurité de la vieillesse, plusieurs retraités à revenu élevé s’imaginent qu’ils n’y auront tout simplement pas droit. Trop de revenus. Trop d’impôts. Trop de récupération. Pourtant, avec un peu de stratégie et un bon timing, il est parfois possible d’en garder bien plus que ce qu’on croit — voire de battre le système à son propre jeu. Dans cet article, nous explorerons 3 secrets méconnus de la PSV qui peuvent faire une vraie différence dans ton plan de retraite.
La Sécurité de la vieillesse est une composante essentielle de tout bon plan de retraite au Canada. Mais quand ton revenu est élevé, la question se complexifie : devrais-tu repousser ta pension de la sécurité de la vieillesse?
Demande à n’importe quel planificateur financier sérieux : repousser le RRQ à 70 ans ou même 72 ans, c’est souvent une évidence.
💡 Rente bonifiée.
💡 Protection contre la longévité.
💡 Revenu indexé à vie.
💡 Occasion de planification fiscale
Mais la sécurité de la vieillesse, elle?
Est-ce que ça vaut vraiment la peine d’attendre… surtout quand tu as déjà un revenu élevé à la retraite?
C’est là que ça devient intéressant. Parce que oui, repousser la sécurité de la vieillesse peut être une stratégie redoutablement efficace — surtout quand ton revenu commence à chatouiller la fameuse récupération.
Dans cet article, on démystifie tout ça :
➡️ chiffres à l’appui,
➡️ exemples concrets,
➡️ et un verdict clair pour t’aider à prendre la meilleure décision.
Petit rappel : c’est quoi la Sécurité de la vieillesse exactement?
La Pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV), c’est un chèque mensuel versé par Ottawa à partir de 65 ans.
En 2024, si tu y avais droit au complet, ça représentait environ 718 $/mois — soit 8 618 $/an — entre 65 et 74 ans.
Contrairement au RRQ, tu ne peux pas la commencer plus tôt.
Par contre, tu peux la reporter jusqu’à 70 ans, et chaque mois d’attente te rapporte une bonification de 0,6 %.
Si tu attends le plein 5 ans, c’est 36 % de plus à vie.
Pas mal, non?
Mais attends…
Il y a un gros MAIS qui change toute la game pour ceux qui ont un revenu élevé.
Le piège caché de la récupération (a.k.a. le clawback)
Voici ce que bien des gens découvrent trop tard…
À partir d’un certain niveau de revenu, le gouvernement commence tranquillement à reprendre une partie de ta pension de Sécurité de la vieillesse.
On appelle ça la récupération, ou clawback en bon jargon fiscal.
En 2024, dès que ton revenu net dépassait 90 997 $, chaque dollar en trop te faisait perdre 15 cents de ta PSV. Le plancher de récupération est indexé à chaque année.
Exemples concrets (Pour une personne de moins de 75 ans qui débute à 65 ans) 👇
À 100 000 $ de revenu → tu perds 1 350 $
À 125 000 $ → tu perds 5 100 $
À 170 000 $ → bye bye PSV… tu ne reçois plus rien
Et le plus important?
⚠️ Peu importe si tu la prends à 65 ou à 70 ans, la récupération s’applique de la même façon.
Mais alors… pourquoi dit-on que repousser peut quand même valoir la peine?
La réponse va te surprendre 👇
Secret #1 de la Sécurité de la vieillesse - le plafond de la PSV n’est pas le même pour tout le monde
Voici un autre avantage caché du report de la Sécurité de la vieillesse que bien peu de gens (et même de conseillers) prennent en compte :
Quand tu reportes ta PSV, tu n’augmentes pas seulement le montant que tu reçois chaque mois… tu repousses aussi le plafond à partir duquel elle est complètement récupérée!
👉 Pourquoi?
Parce que la récupération est structurée de façon proportionnelle :
tu perds 15 % de ta PSV pour chaque dollar de revenu net au-dessus de 90 997 $.
Donc…
Si ta PSV est de 8 560 $ (montant de base à 65 ans), elle est entièrement récupérée quand ton revenu atteint environ 148 063 $.
Mais si tu attends à 70 ans, ta PSV grimpe à 11 641 $ (+36 %).
Et maintenant, il faut plus de revenu pour te la faire gruger au complet : le nouveau plafond devient environ 168 607 $!
💡 Autrement dit, en reportant ta Sécurité de la vieillesse, tu repousses aussi la limite de revenu où tu la perds complètement.
Et ça, c’est un avantage fiscal de plus pour les retraités à revenu élevé qui cherchent à maximiser leurs prestations nettes (et pas juste brutes).
😤 Et ça, l’ARC « oublie » de te le dire...
Ce qui me frustre, c’est que la plupart des articles et ressources mentionnent uniquement le plafond de récupération applicable pour une personne qui prend sa rente à 65 ans. On néglige complètement de parler de la majoration du plafond de récupération!
Et ça, ça peut induire plusieurs retraités aisés à commettre une erreur.
Tu ne me crois pas? Va voir sur le site de l’ARC.
Sur le site de l’ARC, on t’explique bien que la récupération commence à 90 997 $ et que tu perds 15 % de ta PSV pour chaque dollar au-dessus.
Mais ce qu’on omet complètement de préciser, c’est que :
➡️ Le plafond à partir duquel tu perds 100 % de ta Sécurité de la vieillesse dépend du montant de ta rente.
➡️ Donc, si tu reportes ta PSV et que ton montant augmente, ton plafond de récupération augmente lui aussi.
Résultat :
L’ARC te laisse croire que le plafond de récupération est le même pour tout le monde — que tu prennes ta PSV à 65 ou à 70 ans.
❌ C’est faux. Et ça induit en erreur bien des gens.
En réalité, plus tu attends, plus tu repousses ce plafond, ce qui te permet de conserver une plus grande portion nette de ta prestation, même avec un revenu élevé.
Et ça, c’est exactement le genre de nuance qui peut faire une différence de plusieurs milliers de dollars sur ton plan de retraite.
P.S: le plafond de récupération est aussi réduit pour ceux qui ne reçoivent pas la pleine PSV, notamment en raison d’un nombre insuffisant d’années de résidence au Canada. Par exemple, une personne qui ne touche que la moitié de la PSV en 2024 (soit 4 309$) verra cette prestation complètement récupérée si son revenu atteint 119 723$.
Reporter ta Sécurité de la vieillesse quand tu gagnes bien ta vie : un coup de circuit
Tu te demandes à quel point le report de la PSV peut vraiment être payant?
Voici la vraie bonification nette que tu obtiens si tu attends à 70 ans, une fois la récupération prise en compte 👇
😲 Oui, tu as bien lu.
À 140 000 $ de revenu, le retraité qui attend à 70 ans conserve plus du triple de ce qu’il aurait touché à 65 ans.
👉 Et ce n’est pas parce que la récupération est moins sévère.
C’est parce que :
Le montant de base de ta PSV est plus élevé à 70 ans,
Le plafond de récupération est repoussé,
Et tu gardes une plus grande portion nette de ta pension, même avec un revenu élevé.
Autrement dit : le système fiscal te récompense davantage quand tu repousses, si ton revenu net dépasse le plancher de récupération.
Et dans plusieurs cas, cette bonification nette est encore plus généreuse que celle du RRQ, même si le pourcentage de bonification mensuelle est légèrement inférieur.
Pourquoi? Parce que le RRQ n’est pas récupéré.
Il ne subit donc pas cet effet multiplicateur.
Moral de l’histoire : pour un retraité à revenu élevé, le report de la pension de la Sécurité de la vieillesse peut battre le report du RRQ en valeur nette.
Pour les curieux, voici le détail des calculs pour un revenu net de 140 000$:
*Selon les chiffres de 2024 (Il faut attendre le 4e trimestre pour les chiffres de 2025)
**Ce tableau est inspiré d’une excellente analyse partagée par Aaron Hector, CFP
Alors, quand débuter ma pension de Sécurité de la vieillesse?
Si tu anticipes un revenu net de retraite supérieur à 100 000 $ pendant plusieurs années, reporter ta PSV à 70 ans n’est pas juste logique — c’est souvent fiscalement stratégique.
Pourquoi?
✅ Tu reçois une pension bonifiée de 36 % à vie
✅ Tu en gardes une plus grande proportion nette, même avec la récupération
✅ Tu réduis la pression sur tes autres actifs dans les années plus avancées
✅ Tu assures un revenu indexé, garanti, et stable dans une phase où d’autres sources peuvent décliner
Et maintenant, parlons concret 👇
J’ai monté un tableau d’optimisation du moment idéal pour commencer la pension de la Sécurité de la vieillesse, selon différents âges et niveaux de revenus.
Voici un extrait pour une personne avec 125 000 $ de revenu net :
*Paiements cumulatifs nets de PSV reçu (2024 dollars constants, inflation = taux d'indexation des futurs cashflow)
**Ce tableau est inspiré d’une excellente analyse partagée par Aaron Hector, CFP
Comme tu peux le constater, le scénario optimal n’est presque jamais de commencer à 65 ans à ce niveau de revenu.
Dans bien des cas, attendre quelques années peut représenter des milliers de dollars nets de plus dans tes poches à la retraite.
Dans cet exemple, si rien ne porte à croire que l'espérance de vie est réduite, une personne qui projette avoir un revenu net autour de 125 000$ aurait tout avantage à reporter le début de sa Sécurité de la vieillesse à 70 ans. Si on vit jusqu’à au moins 80 ans, ça aura été la meilleure décision.
Selon les tables de mortalité de FP Canada, un homme de 65 ans a 50% de chances de vivre jusqu’à 89 ans. Une femme du même âge a 50% de chances de vivre jusqu’à 91 ans.
Et, l’espérance de vie ne fait que s’améliorer avec les progrès de la médecine moderne.
C’est pourquoi, sauf indication claire d’un horizon de vie écourté, j’encourage toujours mes clients à faire leur analyse PSV/RRQ en se basant sur une espérance de vie d’environ 90 ans.
Et n’oublie pas aussi de voir comment la PSV s’intègre dans ton plan de retraite global.
En fin de compte, la meilleure décision dépendra de nombreux facteurs personnels :
Ton revenu projeté entre 65 et 70 ans (et au-delà),
La taille de ton REER et de ton futur FERR,
Ton état de santé et ton espérance de vie (ainsi que ceux de ton conjoint, le cas échéant).
👉 Il y a tout simplement trop de variables pour établir une règle universelle. L’essentiel, c’est que le plafond de récupération majoré devrait faire partie des éléments à considérer dans l’analyse.
Secret #2 de la PSV - Comment créer un super-plafond de récupération
Maintenant que tu maîtrises le fonctionnement de la récupération de la Sécurité de la vieillesse, tu sais que le plafond n’est pas un chiffre fixe, mais plutôt une limite qui varie selon le montant de ta prestation.
Et une fois qu’on comprend ça… on peut commencer à jouer intelligemment avec les règles.
Est-ce qu’une personne avec un revenu de 170 000 $/an peut quand même recevoir de la PSV?
👉 Sur papier, non. Ce revenu dépasse le plafond de récupération habituel, même pour quelqu’un qui reporte la PSV à 70 ans.
Mais dans la vraie vie?
➡️ Oui, c’est possible.
Avec une bonne stratégie, tu peux créer ce qu’on appelle un « super-plafond temporaire », qui repousse encore plus loin le seuil de récupération.
Comment? En combinant 2 leviers puissants :
Reporter ta PSV à 70 ans, ce qui te donne droit à la bonification maximale de 36 %. Résultat : tu reçois environ 11 720 $/an au lieu de 8 618 $ (valeurs 2024).
Choisir une date de début rétroactive lorsque tu fais ta demande — jusqu’à un an en arrière.
En effet, quand tu fais ta demande de PSV, tu peux choisir une date de début immédiate ou rétroactive (jusqu’à 11 mois). Et si tu fais ta demande tout début janvier, tu peux recevoir deux années de PSV bonifiée dans une seule année fiscale :
👉 Soit environ 23 440 $ de PSV reçue d’un seul coup.
Ce que ça change?
Le plafond de récupération grimpe temporairement à environ 247 263 $ pour cette année-là (au lieu d’environ 169 000$).
Donc même avec 170 000 $ de revenu net, tu pourrais conserver plus de 11 500 $ de ta PSV cette année-là.
🧾 Ce n’est peut-être pas un montant transformateur…
Mais c’est beaucoup mieux que zéro, ce qui aurait été le cas sans cette stratégie.
Secret #3 de la Sécurité de la vieillesse - Même les plus fortunés peuvent capter une année de PSV
⚠️ Avertissement : celle-ci est un peu tordue… mais 100 % légale.
Tu te demandes peut-être :
« Si je gagne 250 000 $ ou plus par année à la retraite… est-ce que je peux quand même tirer quelque chose du programme de la Sécurité de la vieillesse? »
👉 La réponse courte : non.
À ce niveau de revenu, tu dépasses même le fameux super-plafond de récupération.
Résultat : aucune chance de toucher un sou de PSV de ton vivant.
Mais…
Et si c’était tes héritiers qui en profitaient?
Peu de gens savent que la Loi sur la Sécurité de la vieillesse permet une disposition particulière :
Un liquidateur (exécuteur testamentaire) peut faire une demande de PSV rétroactive au nom d’un défunt, à condition que :
La personne n’ait jamais fait de demande de PSV de son vivant;
Et que la demande soit faite dans les 12 mois suivant le décès.
Ce que ça permet?
Même si la prestation cesse au moment du décès, il est possible de réclamer jusqu’à 12 mois de PSV rétroactivement, pour la période précédant le décès.
Ce montant peut ensuite être déclaré dans une déclaration distincte appelée “déclaration de revenus pour droits ou biens” (return for rights or things).
Cette déclaration est souvent peu imposée — surtout si elle est bien planifiée — ce qui fait en sorte que la Sécurité de la vieillesse ne sera probablement pas récupérée… même si la personne était très fortunée.
💰 Résultat?
Les héritiers peuvent se partager une année complète de PSV bonifiée, soit près de 12 000 $ si la personne décédée avait plus de 70 ans.
Pas une fortune… mais un joli montant qu’on croyait perdu à jamais.
Conclusion : La pension de la Sécurité de la vieillesse et les revenus élevés — ce que tu choisis de faire t'appartient
Même si on peut soutenir que la Sécurité de la vieillesse n’a pas été conçue à l’origine pour soutenir les retraités à revenu élevé, tu as le droit de prendre des décisions éclairées avec toutes les options sur la table.
Certaines des stratégies qu’on a vues ici peuvent paraître inhabituelles, voire un peu audacieuses. Et c’est vrai : elles ne sont pas encore courantes dans la pratique.
Mais les règles de la PSV — et du système fiscal qui l’accompagne — ouvrent bel et bien des opportunités concrètes. Il suffit de les comprendre, de les modéliser… et de les appliquer intelligemment à ton plan de retraite.
Si tu décides d’explorer une ou plusieurs de ces stratégies dans ta propre planification, je serais curieux de savoir comment ça s’est passé.
Et si tu veux en discuter ensemble avant de passer à l’action, je suis là pour ça aussi.
📌 Mention spéciale à Aaron Hector, CFP, dont l’analyse fine et rigoureuse sur la Sécurité de la vieillesse m’a grandement inspiré pour écrire cet article et intégrer ces idées à ma pratique.
Ressources additionnelles
Article d’Aaron Hector - The REAL OAS Deferral Enhancement
Une des meilleures analyses disponibles sur le sujet, avec des exemples concrets.
Article de Doug Runchey - Understanding the OAS clawback
Doug Runchey est un des plus grands experts au Canada en matière de PSV
Gouvernement du Canada - Page officielle de la PSV
Détails sur l’admissibilité, les montants actuels, et les modalités de demande.
Vidéo Youtube Mark Walhout - Advanced OAS Strategies with Aaron Hector
Des explications détaillées sur les stratégies avancées de PSV
Article de Kristopher Lepage - Comment réduire ses impôts à la retraite
Un guide pour vous aider à mieux planifier votre décaissement à la retraite
Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre informatif seulement et ne constituent pas des conseils financiers, fiscaux ou juridiques personnalisés. Chaque situation est unique. Avant de prendre une décision, il est recommandé de consulter un planificateur financier ou un professionnel qualifié.